dimanche 29 mars 2009

Assis-debout

Ça ne va pas du tout à l'opéra de Stuttgart... La première de Lohengrin, qui a lieu ce soir et à laquelle je n'irai pas, aura lieu en l'absence du metteur en scène. Pire, l'affiche précise que la mise en scène est « d'après Stanislas Nordey », et pas « de Stanislas Nordey. » (Parce que c'est de ce monsieur Stanislas Nordey qu'il est question, un Français apparemment connu.)

Le Monde en a même fait un article. La journaliste ne mâche pas ses mots : « à l'Opéra de Stuttgart, c'est la consternation. » Le metteur en scène qui part à quelques jours de la première, vous imaginez bien le drame. Qu'a-t-il bien pu se passer ?

C'est assez simple, et un grand classique à l'opéra, je crois. Un conflit, que dis-je, une guerre sans merci entre le metteur en scène et le chef d'orchestre, Manfred Honeck. Qui avaient tous les deux des visions incompatibles de l'opéra de Wagner. Des visions tellement différentes que l'on est arrivé au clash. Stanislas Nordey témoigne : « Ce monsieur [le chef d'orchestre] voulait que le chœur se lève lorsqu'il chante et qu'il s'assoie lorsqu'il ne chante pas. Artistiquement parlant, cela n'a aucun sens. » Ben voyons ! On mesure bien la gravité de la chose, et on imagine le metteur en scène rentrant chez lui le soir, expliquant à ses amis au téléphone : « Non mais vous vous imaginez, le chœur qui se lève lorsqu'il chante et s'assoit ensuite ! » On imagine de même monsieur Honeck expliquant à ses proches : « Le chœur qui devrait chanter assis, ou rester tout le temps debout, mais c'est ridicule ! » Et on imagine la réaction des amis, partagés entre l'envie de dire à l'artiste que des fois il déconne un peu quand même et le souhait de rester un tant soit peu solidaire avec l'artiste en question.

Lohengrin
Après le départ de Nordey, je ne sais pas trop ce qui a été finalement retenu pour le chœur. D'ailleurs si on regarde la photo présentée sur le site de l'opéra, on ne sait pas torp si les gens sont assis ou debout, on ne voit même pas leurs jambes... C'était bien la peine d'en faire un drame.

Tout autre chose, petit histoire personnelle de bureau que je n'hésite pas à vous raconter. Depuis deux semaines, je suis maître de stage. Co-maître de stage pour être exact. Mais cette semaine, l'autre tuteur était parti et je me suis retrouvé seul avec le stagiaire. Qui avait du boulot pour deux semaines, donc rien de bien grave (c'est pas comme si j'avais réellement eu besoin de m'occuper de lui, de lui trouver un truc utile à faire). Mais quand même. J'ai voulu avoir l'air sérieux, et faire semblant de m'intéresser à l'évolution du stage (bon là j'en rajoute, le sujet m'intéresse réellement). Mercredi, je vais donc trouver le stagiaire (qui a un ou deux ans de plus que moi, mais peu importe) à son bureau, et lui demande si tout va bien, s'il a de quoi faire, s'il a des questions, s'il a besoin d'aide. On discute pendant cinq minutes, ou dix je ne sais plus. Et à la fin, c'est lui qui me dit : « Si tu as encore besoin d'aide, n'hésite pas à me demander. » C'était un poil vexant. Je ne sais pas si je dois participer à l'évaluation du stage, mais si tel est le cas, je peux d'ores et déjà vous annoncer que ce malheureux stagiaire plus compétent que moi n'aura pas la note maximale. Et on verra bien c'est qui le chef, comme dirait notre Président.

samedi 7 mars 2009

CeBIT

Coucou,

Jeudi, j'étais au CeBIT. J'étais persuadé que tout le monde connaissait le plus grand salon consacré aux technologies de l'information et de la communication au monde, mais apparemment non, donc je suis obligé de dire ce que c'est. Ah tiens, je viens de le faire... C'est un salon qui a lieu une fois par an, la première semaine de mars, à Hanovre, dans le gigantesque parc des expositions de la ville (qui avait accueilli en 2000 l'Exposition universelle, et dont on trouve encore quelques vestiges).

Que faisais-je au CeBIT, vous demandez-vous ? Mais je travaillais, évidemment. J'ai un métier très intéressant...

CeBIT
Hanovre ce n'est pas tout à côté de Stuttgart, et pour pouvoir faire le voyage dans la journée, pas de choix, il faut prendre l'avion. Et il faut le prendre assez tôt à l'aller si on veut arriver à peu près vers l'ouverture du salon à 9h... Décollage à 7h25 de Stuttgart, ça veut dire vers 6h45 à l'aéroport, ça veut dire lever vers 5h15 si on veut être tranquille. Hé ben c'est très tôt, je vous assure. Tellement tôt que le 7-10 de France Inter n'a pas encore commencé... Logique. Heureusement pour moi, à 5h, Europe 1 est encore écoutable... (Un jour je vous expliquerai quelle radio écouter à quel moment entre 5h et 10h.)

Mais la radio française, c'est bien gentil, ça ne doit pas faire oublier que je suis en Allemagne. D'ailleurs on ne peut pas l'oublier trop longtemps... Je prends la S-Bahn de 6h25, et paf, contrôle des billets ! Vous avez déjà vu des contrôleurs dans les transports en commun à 6h25 en France, vous ? J'ai déjà été contrôlé le dimanche soir à 22h, à Stuttgart, encore un truc qui n'arriverait pas de l'autre côté du Rhin...

Arrivée à l'aéroport de Hanovre, première constation : c'est un grand aéroport. Deux pistes, pleins de terminals... terminaux ? Deuxième constatation en montant dans la S-Bahn : les rames sont plus jolies à Hannovre, les acoudoirs sont en bois même en seconde classe, les panneaux lumineux indiquent l'heure et la date en plus de la station suivante, et il y a des toilettes... Passionnant, je sais. Ajoutez à cela le fait que sur le trajet entre l'aéroport et le parc des expositions, on passe à côté d'une Straßburgerplatz, vous comprendrez aisément qu'Hanovre soit une ville qui m'ait laissé une bonne impression.

Et voilà donc que l'on arrive au CeBIT, ce truc dont on m'avait dit que c'était très grand. On m'avait menti, c'est pas très grand, c'est énooorme. Tellement grand qu'il y a des lignes de bus à l'intérieur de l'exposition, pour aller d'un bout à l'autre... Ce n'est d'ailleurs pas très pratique, si vous voulez assister à une conférencde du coté de l'entrée Nord de 15h à 15h30 et être ensuite à 15h45 à l'entrée Sud... bah vous ne pouvez pas, il faut plutôt 25 voire 30 minutes pour traverser...

Oui bon, c'est grand, on a compris. Mais on y fait quoi, au CeBIT ?

On voit plein de trucs rigolos ! On donne des cartes de visite à droite à gauche (même si ça ne sert à rien). On assiste à des conférences sur des sujets terribles comme l'Introduction des technologies liées à l'Internet participatif dans l'entreprise ou Comment gagner de l'argent avec le logiciel libre ? (réponse du conférencier : on ne peut pas !), et on teste plein de produits plus ou moins nouveaux mais toujours épatants.

La grande mode du moment, c'est tout ce qui est tactile. Peu importe ce que vous avez comme écran, que ce soit sur un téléphone portbale, sur un ordinateur de bureau, avec Windows 7 au stand Microsoft une télévision géante chez Hyundai, ou ailleurs, vous devez avoir un écran tactile, sinon vous n'êtes qu'un gros nul qui n'a rien compris. Et pas tactile tout bête comme les bornes d'achat de billets SNCF, hein... Tactile multipoint, pour pouvoir redimensionner des photos avec deux doigts ou zoomer sur une carte Google Maps (95 % des démonstrations sont faites avec des applications de cartographie, c'est assez amusant).

On entend beaucoup parler français dans les allées... Évidemment les langues principales sont l'anglais et l'allemand, mais j'ai l'impression que les visiteurs français (ou francophones) sont particulièrement nombreux. Par contre, coté exposants, c'est un peu moins le cas... Même si on trouve ici ou là une petite entreprise auvergnate inconnue qui vous présente un truc. L'avantage c'est que les exposants sont contents de pouvoir parler en français, et vous laisse ensuite passer dans le Reseller area, ce qui n'a l'air de rien, et n'est effectivement pas grand chose, mais c'est une zone de salon en théorie réservée aux revendeurs et journalistes et dans laquelle je n'aurais pas pu aller comme ça. Ça m'a permis de jouer avec l'écran tactile géant de chez Hyundai.

Mais ce qu'il y avait de plus rigolo, c'était sans doute un écran équipé d'un système d'eye tracking. La démonstration était assez saisissante : un texte est affichée, vous le lisez, et quand vous arrivez au bas de l'écran, paf, ça défile automatiquement, pile à la bonne vitesse... Parce que l'écran détecte la position de vos yeux et adapte ensuite le défilement du texte à votre vitesse d electure. Ça marche aussi pour parcourir ses pochettes de CD avec une sorte de Cover Flow... Vous regardez un peu vers la gauche, et les pocjettes défilent vers la gauche, vous regardez vers la droite, elles défilent vers la droite. À quoi ça sert ? Principalement à la recherche (analyser le comportement des utilisateurs face à une interface graphique, par exemple) et à rendre les ordinateurs accessibles aux personnes ne pouvant pas utiliser de clavier ou de souris (on peut écrire un texte rien qu'avec ses yeux, en regardant les bonnes touches d'un clavier affiché à l'écran). Ça marche étonnament bien... et ça coute, oh presque rien... environ 22 000 euros.

Autre truc rigolo, sur le stand de Microsoft cette fois : une vidéo projection que l'on commande... au doigt ! Mais pas à l'œil. Vous êtes debout devant un mur sur lequel est projeté... une carte, tiens donc. Vous tendez le bras, pointez du doigt vers la gauche : la carte glisse vers la gauche. Pointez vers la droite, la carte glisse vers la droite. Pour cliquer il faut fermer le point et tendre ensuite le pouce, c'est un peu plus compliqué... Mais on se prend assez facilement pour Tom Cruise dans Minority Report, ça suffit à faire mon bonheur.

Si on trouve assez facilement des démonstrations intéressantes, il est un peu plus dur de trouver une glace. Il y a des stands de nourriture un peu partout, et même plein de vrais restaurants (pas si chers que ça), et quand vous ne cherchez pas de glace (le matin), vous en voyez partout. Quand vous en cherchez une (l'après midi), vous avez un mal fou à trouver un stand, et quand vous en trouvez un il a fermé. J'ai mis plus d'une heure à trouver ma glace, c'était terrible. En cherchant j'ai quand même pu tomber sur des choses amusantes, par exemple le très grand stand Deutsche Telekom, ou le hall réservé aux gamers, dans lequel on remettait le prix du meilleur joueur de je ne sais quoi à une collection de jeunes gens sans doute sympathiques, mais terriblement caricaturaux. Tout ça dans une ambiance noire et bleue, sponsorisée par Intel.

La recherche d'une glace est aussi l'occasion de visiter les vestiges de l'Expo 2000, notamment un très joli toit en bois, qui recrouvre plusieurs petits halls aujourd'hui, et sous lequel se trouvait à l'époque un restaurant portugais (de Madère pour êgtre exact) fort bon je dois dire.

Si j'ai pu voir ce toit en bois, je n'ai en revanche pas vu le Gouvernator, heu pardon le Gouverneur Schwarzenegger, qui était venu inaugurer le salon en début de semaine (et a terminé son discours en disant « I'll be back! »), il n'en restait que des photos et des banderoles dont une qui disait « Haste schon Vista, baby? » (que je traduirais pour mon public ignare par un « tu as déjà Vista, baby ? ») ce qui est un humour tout particulier.

J'étais persuadé pouvoir rapporter plein de clés USB et de stylos... Mais non, c'est la crise ! Résultat je n'ai eu droit qu'à des bonbons (dont des Gummihandys Samsung, enfin des petits téléphones portables bleus en gélatine, tout à fait rigolos) et à des papiers qui s'entasse désormais sur mon bureau.

Le voyage du retour était amusant. Déjà parce qu'on a failli rater notre S-Bahn et donc par la même occasion notre avion, tout ça parce :
- on avait oublié que la station de S-Bahn qui est « à côté » du parc des expositions est en fait àa 30 minutes à pied,
- Maxou (oui c'est moi) voulait absolument voir le stand Microsoft qui lui avait échappé jusque-là, et du coup au lieu d'avoir de la marge on n'en avait pas trop (jouer à Tom Cruise, ça prend du temps).

L'aterrissage à Stuttgart était amusant aussi... Il neigeait dehors, et si vous n'avez jamais testé, je peux vous dire que l'avion dans la neige c'est hyper fun. Les flocons dans la nuit et les lumières des phares font des sortes de trainées blanches tout autour de l'avion, on se croirait dans Star Wars en train de foncer à deux ou trois fois la vitesse de la lumière.

Star Wars
De retour sur le campus, tout était calme et blanc (de la neige en mars ! c'est dingue !), j'étais assez fatigué. Je le suis toujours d'ailleurs, alors je vais vous laisser, mais je promets de vous raconter d'autres choses passionantes très prochainement. Si, si, je m'y engage.