mardi 29 mai 2007

Les géniaux ingénieurs

Coucou,

Il y a un certain nombre de Centraliens qui doivent se promener sur ce blog, donc si je vous parle des oraux passés à Centrale Paris ça doit vous évoquer des souvenirs. Pas forcément des très bons souvenirs, mais peu importe.

Vous savez donc, si vous y avez été, et si vous n'y avez pas été vous allez l'apprendre, que Centrale Paris, c'est principalement un gros bâtiment en béton particulièrement moche, à peu près ce qu'à fait de pire l'architecture de la deuxième moitié du XXe siècle (années 60 ?). Mais pour égayer un peu tout ça, ils ont mis des décos ici ou là, comme une reproduction sur un mur d'une motrice de TGV, ou, mieux, un extrait d'un poème de Boris Vian.

Boris Vian, ancien de Centrale Paris comme vous ne l'ignorez sans doute pas. Un poète ingénieur, et un bon (poète, ingénieur je ne sais pas trop). On comprend évidemment son goût pour les chansons technologiques, que ce soit La complainte du progrès, La java des bombes atomiques ou alors là, un peu moins drôle quand même, Je voudrais pas crever. Vous trouverez-donc en suivant le lien le texte intégral, je vous recopie ici le passage qui est sur le mur à Centrale Paris, et qui m'avait apporté un peu de joie pendant mes oraux, que je lisais et qui m'emplissait d'espoir avait d'aller ne pas réussir à résoudre mes exos de maths (je me souviens encore de la remarque du prof : « Vous ne savez pas faire le premier exercice ? (Là moi je pense « oui » dans ma tête et je me dis qu'il va donner une indication) Hé bien essayez le deuxième ! (là moi je pense « hé zut alors » mais en moins poli dans ma tête)).

Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs

Oui, je lisais donc ce texte, et ça me faisait oublier que j'étais fâché avec les TP de physique, avec les oraux de chimie (et la chimie en général), avec les exercices d'algèbre, avec les problèmes d'analyse, avec ce bâtiment gris et carré et dans lequel on se perd jusqu'à ce qu'on comprenne qu'essayer de se repérer ne sert à rien parce tout est pareil, et que tout mène à la cour centrale, toute de béton recouverte.

La mer à la montagne et les enfants contents, c'est peut-être un peu Miss France sur les bords, mais c'est dur de ne pas être d'accord, et les « géniaux ingénieurs » ça sonne bien, et ça flatte, et donc ça donne un peu d'espoir à celui qui arrive au bout de la prépa et espère connaître bientôt un monde meilleur (= moi à l'époque).

lundi 28 mai 2007

Hi hi hi

Coucou,

Je suis tombé sur cette vidéo et je dois dire que je la trouve assez drôle. Mais vous connaissez peut-être déjà, en fait. Ce qui peut être amusant avec cette vidéo, c'est de chercher les différences entre Qui veut gagner des millions là-bas et ici. Mis à part la drôle de voix du présentateur (sérieusement je sais pas on dirait qu'il est enrhumé ou un truc comme ça), j'ai bien aimé la petite pub cachée pour AT&T, que j'imagine être un des sponsors de l'émission...

Oui, oui, quand le présentateur dit qu'ils vont appeler le père, il ne dit pas « on va appeler votre père », il dit « nos amis d'AT&T vont nous mettre en liaison », ah oui c'est subtil d'autant que les sous-titres (rajoutés pour l'émission de TF1 dont la vidéo est extraite je crois) oublient un peu ce passage.

AT&T, on risque de bientôt encore en attendre parler, parce que ce sont eux qui vont distribuer l'iPhone d'Apple (attention une vidéo drôle se cache aussi derrière ce lien-là)...

Beh décidemment j'arrête pas de poster sur mon blog, moi !

dimanche 27 mai 2007

Patriotisme

Coucou,

Il faut qu'on soit fiers de notre pays, vous savez, ils l'ont dit Nicolas et Ségolène (alors ça, le correcteur orthographique de Firefox connaît Nicolas mais me propose de corriger Ségolène en styrolènes, je suis surpris), on devrait mettre des drapeaux français partout, et être fiers de notre identité nationale, ah non mais alors.

Bon en fait en vrai on ne le fait pas trop. Mais alors s'il y en a qui aiment bien les drapeaux, et qui en mettent partout, et des français s'il vous plaît, ce sont bien nos amis Allemands.

Je me suis promené hier à la gare de Stuttgart. Bon en fait j'allais acheter Télérama. Et je l'ai acheté d'ailleurs. Mais ce qui était marrant dans la gare, ce n'était pas Télérama mais la décoration à l'occasion de l'arrivée du TGV le 10 juin (et du départ officiel d'un TGV vers Paris Est hier aussi je crois).

Oui donc la décoration. Imaginez-vous à, je ne sais pas, ça ressemblait un peu à un meetig du Front national en fait. C'est-à-dire que c'était bleu blanc rouge, mais alors très très très bleu blanc rouge. Dans le grand hall de la gare, des énormes drapeaux partout au plafond, mais plein, plein, plein. Et au-dessus des vitrines de tous les magasins de la gare, des centaines et des centaines de petits drapeaux bleu blanc rouge. J'ai frôlé l'overdose de patriotisme, je vous assure.

La remarque amusante à faire, c'est de se dire que décidémment, les Allemands nous adorent, que l'idée de pouvoir débarquer chez nous à 320 km/h les emplis de joie, et que je serais vraiment surpris si on me disait qu'à Paris Est, ils ont décoré la gare avec des drapeaux « Schwarz-Rot-Gold » partout.

samedi 26 mai 2007

Höllenblitz et Alpinabahn

Coucou,

J'avais dit que je vous parlerai d'Höllenblitz et de l'Alpinabahn, deux autres grands grands-huits transportables qui tournent de fête foraine en fête foraine en Allemagne. Hé bien nous y voilà.

Höllenblitz tout d'abord parce que c'est plus drôle. C'est un truc assez dingue : un grand-huit en intérieur, donc dans le noir avec lumières et tout, assez proche du style d'Eurosat à Europa-Park pour ceux qui connaissent, mais donc en démontable. Il appartient à une famille de forains assez connue paraît-il, et il est à moitié tout neuf. En fait la famille possédait un grand-huit du genre baptisé Star World, sur le thème du voyage spatial donc, et là, à la Frühlingfest 2007, à Stuttgart, sur le Wasen (tout ça pour caser le mot « Wasen »), ils ont inauguré une nouvelle formule, avec parcours légèrement différent si j'ai bien compris, et surtout décoration complètement nouvelle. Le thème c'est un peu le temple maudit d'Indiana Jones, et la décoration en jette, c'est le moins qu'on puisse dire. Avec passage du train à l'extérieur au pied d'une impressionnante cascade, et musique de John Williams en arrière-plan.

Höllenblitz
En même temps il faut bien que ça en jette, vu que les gens qui sont censés acheter leurs places n'ont aucune idée de comment c'est dedans.

Mais faisons ici une pause dans la description pour vous raconter le rêve que j'ai fait à propos d'Höllenblitz, parce que oui j'ai rêvé d'Höllenblitz, comme certains rêvent de voler et d'autres de me ressembler.

Dans mon rêve j'étais donc avec des amis (que je n'ai pas vraiment réussi à bien identifier, il est probable que des lecteurs de ce blog en aient fait partie) à la Frühlingsfest, il faisait beau et chaud et c'était assez désert. Et voilà que nous arrivons devant Höllenblitz, mais il n'y a personne et là je me souviens du pourquoi : il était tôt dans l'après-midi et la foire n'était pas encore ouverte au public. C'était donc une sorte de visite VIP en coulisses ou je ne sais pas quoi. Et justement on demande au forain patron d'Höllenblitz s'il veut bien nous montrer comment c'est à l'intérieur quand il y a de la lumière, et il est d'accord, et on entre.

Et là... grosse déception : il n'y a rien. Enfin si, la montée et la première descente mais c'est tout, le reste, c'est vide. Pas de grand-huit. Et pendant un bon bout de temps j'ai trouvé ça tout à fait normal, jusqu'à ce que je me dise en rêve « mais si le grand-huit en intérieur n'est pas à l'intérieur, il est où ? », et là, après avoir mené une enquête rapide et jeté des coups d'œil bien ciblés autour de moi, j'aperçois une sorte de tunnel (enfin de l'extérieur c'est un cylindre mais à l'intérieur ça devait être un tunnel) qui sort de la structure principale vide donc, et va vers un grand chapiteau situé un peu plus loin, que l'on ne voit pas depuis l'allée de la foire mais que l'on voit quand on est du côté des forains. Et oui le monsieur forain explique que la plus grande partie du parcours en intérieur se fait dans ce chapiteau là-bas et pas ici, et que c'est un tunnel pour y aller pour pas que les gens se rendent compte qu'on les emmène ailleurs.

Et voilà. Je ne sais pas trop comment interpréter mon rêve, en fait. J'espère que ce n'est rien de grave.

Mais Höllenblitz en vrai, alors. De l'extérieur, donc, ça en jette. Et quand on fait un tour ? Alors on est dans des jolis wagonnets qui tournent sur eux-mêmes, c'est rigolo, et déjà rien que la montée c'est bien, ça tourne et il y a de la déco et voilà. Ensuite la première grande descente avec le passage à l'extérieur c'est vraiment sympa, puis quelques tours dans le noir et les projecteurs à l'intérieur c'est amusant, il y a juste la fin qui est un peu décevante : ça ralentit trop fort trop tôt. Mais c'est sympa quand même, hein...

Alpinabahn

Je termine en vous parlant très brièvement d'Alpinabahn : on le trouve à Stuttgart en octobre, je n'ai pas testé, mais c'est sympa, encore un truc d'Oscar Bruch, et c'est la plus longue montagne russe transportable au monde, avec 1100 mètres de parcours je crois. Hé oui c'est long.

Voilà c'est tout pour aujourd'hui...

vendredi 25 mai 2007

Panthère

Coucou,

Ceux qui me connaissent savent normalement que j'adore les panthères, si possibles volantes, et savent aussi que je ne rate jamais une occasion de me la péter, en expliquant que je connais des gens géniaux que personne d'autre ne connaît alors que vraiment il faudrait, non mais alors. Bon là je vais vous parler de quelqu'un de connu quand même, mais lui je l'aime pas tellement en fait, l'intérêt c'est que ça me permet de me la péter, donc z'y-va.

Panthère volante Société GénéraleUne panthère volante trouvée sur le site de la Société Générale.


Quand j'étais en classes de Troisième et Seconde j'ai eu une chouette prof de français qui nous faisait lire plein de livres choisis dans des listes qu'elle proposait et commentait très bien, et une fois j'avais choisi de lire Les diaboliques de Barbey d'Aurevilly (qui a un nom très classe, mais alors le prénom, Jules, il vaudrait presque mieux ne pas le citer). Je n'avais pas tellement aimé, la couverture de l'édition Pocket m'avait fait un peu peur, et puis je lisais ça tout seul le soir dans ma chambre d'hôtel à Hambourg où on rendait visite à ma sœurette en année Erasmus. Mais dans Les diaboliques il y a quand même un truc bien, et c'est dans la nouvelle intitulée Le bonheur dans le crime que ça se trouve. C'est un passage que j'avais adoré, parce qu'il y a une (ou deux ?) panthère d'abord et parce que c'est bien écrit ensuite, et que j'aime encore aujourd'hui bien qu'il ait depuis servi de sujet à un commentaire composé en classe de Première, commentaire composé auquel j'avais eu une mauvaise note, mais passons.

Nous sommes au début de la nouvelle, et le narrateur et un ami médecin sont au zoo à Paris, et croisent un couple, devant une cage dans laquelle se trouve une panthère. Ça n'a l'air de rien, mais c'est génial. C'est un peu long mais je vous le mets en entier quand même, parce que plus c'est long, plus c'est bon (oui bon la longueur en soi n'est rien, tout dépend ce qu'on en fait, je sais, mais là le Barbey il en fait quand même des choses pas mal du tout)...


Il faisait, ce jour-là, un de ces temps d'automne, gais et clairs, à arrêter les hirondelles qui vont partir. Midi sonnait à Notre-Dame, et son grave bourdon semblait verser, par-dessus la rivière verte et moirée aux piles des ponts, et jusque par-dessus nos têtes, tant l'air ébranlé était pur! de longs frémissements lumineux. Le feuillage roux des arbres du jardin s'était, par degrés, essuyé du brouillard bleu qui les noie en ces vaporeuses matinées d'octobre, et un joli soleil d'arrière-saison nous chauffait agréablement le dos, dans sa ouate d'or, au docteur et à moi, pendant que nous étions arrêtés, à regarder la fameuse panthère noire, qui est morte, l'hiver d'après, comme une jeune fille, de la poitrine. Il y avait çà et là, autour de nous, le public ordinaire du Jardin des Plantes, ce public spécial de gens du peuple, de soldats et de bonnes d'enfants, qui aiment à badauder devant la grille des cages et qui s'amusent beaucoup à jeter des coquilles de noix et des pelures de marrons aux bêtes engourdies ou dormant derrière leurs barreaux. La panthère devant laquelle nous étions, en rôdant, arrivés, était, si vous vous en souvenez, de cette espèce particulière à l'île de Java, le pays du monde où la nature est le plus intense et semble elle-même quelque grande tigresse, inapprivoisable à l'homme, qui le fascine et qui le mord dans toutes les productions de son sol terrible et splendide. A Java, les fleurs ont plus d'éclat et plus de parfum, les fruits plus de goût, les animaux plus de beauté et plus de force que dans aucun autre pays de la terre, et rien ne peut donner une idée de cette violence de vie à qui n'a pas reçu les poignantes et mortelles sensations d'une contrée tout à la fois enchantante et empoisonnante, tout ensemble Armide et Locuste! Etalée nonchalamment sur ses élégantes pattes allongées devant elle, la tête droite, ses yeux d'émeraude immobiles, la panthère était un magnifique échantillon des redoutables productions de son pays. Nulle tache fauve n'étoilait sa fourrure de velours noir, d'un noir si profond et si mat que la lumière, en y glissant, ne la lustrait même pas, mais s'y absorbait, comme l'eau s'absorbe dans l'éponge qui la boit... Quand on se retournait de cette forme idéale de beauté souple, de force terrible au repos, de dédain impassible et royal, vers les créatures humaines qui la regardaient timidement, qui la contemplaient, yeux ronds et bouche béante, ce n'était pas l'humanité qui avait le beau rôle, c'était la bête. Et elle était si supérieure, que c'en était presque humiliant! J'en faisais la réflexion tout bas au docteur, quand deux personnes scindèrent tout à coup le groupe amoncelé devant la panthère et se plantèrent justement en face d'elle: “ Oui, - me répondit le docteur, - mais voyez maintenant! Voici l'équilibre rétabli entre les espèces! ” C'étaient un homme et une femme, tous deux de haute taille, et qui, dès le premier regard que je leur jetai, me firent l'effet d'appartenir aux rangs élevés du monde parisien. Ils n'étaient jeunes ni l'un ni l'autre, mais néanmoins parfaitement beaux. L'homme devait s'en aller vers quarante-sept ans et davantage, et la femme vers quarante et plus... Ils avaient donc, comme disent les marins revenus de la Terre de Feu, passé la ligne, la ligne fatale, plus formidable que celle de l'équateur, qu'une fois passée on ne repasse plus sur les mers de la vie! Mais ils paraissaient peu se soucier de cette circonstance. Ils n'avaient au front, ni nulle part, de mélancolie... L'homme, élancé et aussi patricien dans sa redingote noire strictement boutonnée, comme celle d'un officier de cavalerie, que s'il avait porté un de ces costumes que le Titien donne à ses portraits, ressemblait par sa tournure busquée, son air efféminé et hautain, ses moustaches aiguës comme celles d'un chat et qui à la pointe commençaient à blanchir, à un mignon du temps de Henri III; et pour que la ressemblance fût plus complète, il portait des cheveux courts, qui n'empêchaient nullement de voir briller à ses oreilles deux saphirs d'un bleu sombre, qui me rappelèrent les deux émeraudes que Sbogar portait à la même place...

Excepté ce détail ridicule (comme aurait dit le monde) et qui montrait assez de dédain pour les goûts et les idées du jour, tout était simple et dandy comme l'entendait Brummell, c'est-à-dire irrémarquable, dans la tenue de cet homme qui n'attirait l'attention que par lui-même, et qui l'aurait confisquée tout entière, s'il n'avait pas eu au bras la femme, qu'en ce moment, il y avait... Cette femme, en effet, prenait encore plus le regard que l'homme qui l'accompagnait, et elle le captivait plus longtemps. Elle était grande comme lui. Sa tête atteignait presque à la sienne.



Peluche panthèreCette panthère devrait moins faire de mal.


Et, comme elle était aussi tout en noir, elle faisait penser à la grande Isis noire du Musée Égyptien, par l'ampleur de ses formes, la fierté mystérieuse et la force. Chose étrange! dans le rapprochement de ce beau couple, c'était la femme qui avait les muscles, et l'homme qui avait les nerfs... Je ne la voyais alors que de profil; mais, le profil, c'est l'écueil de la beauté ou son attestation la plus éclatante. Jamais, je crois, je n'en avais vu de plus pur et de plus altier. Quant à ses yeux, je n'en pouvais juger, fixés qu'ils étaient sur la panthère, laquelle, sans doute, en recevait une impression magnétique et désagréable, car, immobile déjà, elle sembla s'enfoncer de plus en plus dans cette immobilité rigide, à mesure que la femme, venue pour la voir, la regardait; et - comme les chats à la lumière qui les éblouit - sans que sa tête bougeât d'une ligne, sans que la fine extrémité de sa moustache, seulement, frémît, la panthère, après avoir clignoté quelque temps, et comme n'en pouvant pas supporter davantage, rentra lentement, sous les coulisses tirées de ses paupières, les deux étoiles vertes de ses regards. Elle se claquemurait.

- Eh! eh! panthère contre panthère! - fit le docteur à mon oreille; - mais le satin est plus fort que le velours.

Le satin, c'était la femme, qui avait une robe de cette étoffe miroitante - une robe à longue traîne. Et il avait vu juste, le docteur! Noire, souple, d'articulation aussi puissante, aussi royale d'attitude, - dans son espèce, d'une beauté égale, et d'un charme encore plus inquiétant, - la femme, l'inconnue, était comme une panthère humaine, dressée devant la panthère animale qu'elle éclipsait; et la bête venait de le sentir, sans doute, quand elle avait fermé les yeux. Mais la femme - si c'en était un - ne se contenta pas de ce triomphe. Elle manqua de générosité. Elle voulut que sa rivale la vît qui l'humiliait, et rouvrît les yeux pour la voir. Aussi, défaisant sans mot dire les douze boutons du gant violet qui moulait son magnifique avant-bras, elle ôta ce gant, et, passant audacieusement sa main entre les barreaux de la cage, elle lui fouetta le museau court de la panthère, qui ne fit qu'un mouvement... mais quel mouvement!... et d'un coup de dents, rapide comme l'éclair!... Un cri partit du groupe où nous étions. Nous avions cru le poignet emporté: Ce n'était que le gant. La panthère l'avait englouti. La formidable bête outragée avait rouvert des yeux affreusement dilatés, et ses naseaux froncés vibraient encore...
- Folle! - dit l'homme, en saisissant ce beau poignet, qui venait d'échapper à la plus coupante des morsures.
Vous savez comme parfois on dit: “ Folle!... ” Il le dit ainsi; et il le baisa, ce poignet, avec emportement.

Et, comme il était de notre côté, elle se retourna de trois quarts pour le regarder baisant son poignet nu, et je vis ses yeux, à elle... ces yeux qui fascinaient des tigres, et qui étaient à présent fascinés par un homme; ses yeux, deux larges diamants noirs, taillés pour toutes les fiertés de la vie, et qui n'exprimaient plus en le regardant que toutes les adorations de l'amour!



Voilà j'espère que ça vous a plu, et à une prochaine pour d'autres aventures, promis je parlerai plus la prochaine fois.

mercredi 23 mai 2007

Eurostar

Coucou,

Les fêtes foraines, c'est un truc qu'on trouve un peu partout sans le monde. Comme toutes les personnes normalement constituées, les Allemands adorent. Ils ont plein de fêtes foraines partout tout le temps, et ils ont tendance à les faire un peu différemment de ce qu'on connaît nous, pauvres petits Français (je dis petits, c'est a en juger par la taille du premier d'entre nous).

Qu'est-ce que ça a de particulier, une fête foraine allemande ?

Stuttgarter Frühlingsfest
  • C'est grand.
  • Très grand.
  • Il y a des grands manèges.
  • C'est très décoré, on fait attention aux détails,
  • C'est généralement aussi une fête de la bière avec d'énormes tentes dans lesquelles des milliers de jeunes gens déchaînés boivent et chantent et boivent et chantent et ressortent en disant « ah c'était bien ».
C'est le côté grand manège qui m'intéresse ici. Comme tous les manèges de fête foraine, ils appartiennent à des forains, souvent à une famille. Comme il y a de grandes fêtes et de grands manèges les Allemands ont aussi de grandes familles de forains, par exemple la famille d'Oscar Bruch. Ce monsieur aime bien les trèees grands grands huits, et comme on n'en trouve pas forcément en standard sur le catalogue d'un constructeur, il les fait construire exprès pour lui. Pour lui et pour les grandes fêtes allemandes, Oktoberfest de Munich en premier. Mais bon soyons un peu chauvin d'adoption, la Cannstater Volksfest de Stuttgart c'est pas mal non plus.

Ce monsieur Bruch était notamment connu pour être à l'origine du Looping Star, le premier grand-huit à inversion (comprendre : qui vous met la tête en bas sans avoir besoin d'aller d e l'autre côté de la Terre, vous savez là où les gens marchent sur les mains) transportable. Et voilà que dans les années 1990 il a voulu faire un truc neuf : un grand-huit inversé (et à inversions aussi). Un grand huit avec les rails au dessus de la tête, quel que soit le sens de la tête. Et transportable. Du jamais vu. Il y avait bien un grand-huit suspendu qui existait déjà, mais là c'est autre chose, les trains ne peuvent pas se balancer librement. C'est super marrant, mais c'est compliqué, ça coûte super cher, et il faut bien un truc de la taille de la fête de la bière de Munich pour espérer rentabiliser (à 5 euros le tour après 12 ans d'existence on peut penser que c'est pas vraiment ça le problème au final).

Voila donc que monsieur Bruch contacte les meilleurs : son entreprise de construction de manèges à lui (bon c'est pas encore là les meilleurs, ils viennent après), le bureau d'études de Werner Stengel (le top du top de la crème des meilleurs concepteurs de grands huits toutes catégories confondues de tout le monde entier de l'univers, Werner Stengel aura droit à un article rien que sur lui un jour), les petits (suisses, si si les petits suisses) numéro un mondiaux d'Intamin pour les rails et d'autres encore.

Après un peu d'éclate à tracer le parcours et des nuits de cauchemars dûs aux calculs de statique (RDM et VIBRA, je vous hais), voilà que naît le 20 juillet 1995 à Dusseldorf notre ami Eurostar, qui ne traverse pas la Manche, mais c'est pas grave on l'aime bien quand même.

30 mètres de haut, 844 de parcours (c'est long pour un grand-huit en général, alors pour un transportable je vous laisse imaginer), 81 km/h de vitesse de pointe et 5,2 g d'accélération maximale (et non pas 5,2 jets comme le disent nos amis forains du « Booster » de la foire de Nantes), et tout plein de caractéristiques à faire pâlir d'envie je ne sais pas qui, quelqu'un qui aime les grands-huits on va dire.

Eurostar

Alors le parcours : hop on quitte la station plutôt bien installé mais un peu immobilisé par les barres de sécurité quand même, une charmante voix (pas charmante du tout en vrai) nous dit de garder la tête droite, on tourne (à droite justement) et on retourne (encore à droite, décidémment !) et paf la montée, courte rapide mais pas trop... et voilà qu'arrivés en haut... on ne perd pas de temps et paf première grande descente, ça part très vite vraiment. Et première inversion avec un looping qu'on sent à peine passer. Puis un virage (qu'on sent déjà plus passer) et deuxième inversion, l'espèce de tortillon tout marrant, je ne sais pas si ça a un nom en français, re-virage et première pause... Et le pire est à venir : on ré-accélère vite et fort et paf un tire-bouchon suivi d'un deuxième tire-bouchon, c'est la partie la plus intense du parcourt, et elle est vraiment vraiment intense... Mais bon moi j'aime quand c'est intense... Deuxième pause. Et on repart pour un super virage-spirale qui va assez vite quand même et c'est la fin, freinage brusque, virage... à droite encore ! et encore un autre à droite et retour à la station.

Mis à part le fait que c'est un peu trop à droite à mon goût, c'était bien ! ;-)

Comme c'est bien conçu jusqu'au bout, le chemin pour quitter l'attraction permet de passer entre les rails et de voir sous un angle original le parcourt que l'on vient de subir. Cela dit on voit les meilleurs passages de l'extérieur sans problème, c'est très bien conçu !

(Prochainement ici : Höllenblitz et Alpinabahn, pour de nouvelles sensations grand-huitiennes sur les fêtes foraines allemandes, en attendant vous pourrez apprécier les photos prises par votre serviteur... non votre maître... enfin moi-même, quoi).

samedi 19 mai 2007

Un blog de Maxou ?

Coucou,

Vais-je me lancer dans l'écriture d'un blog ? J'en doute... Mais au cas où, voilà un blog créé, un de plus. Reste à éventuellement y poster des messages.

Bon je vais être gentil, je vais au moins vous expliquer pourquoi Janusz Kaminsky. Déjà ça permet de reconnaître les gens qui ont des goûts proches des miens, parce que eux le connaissent. Et puis c'est quelqu'un dont j'aime beaucoup le travail. Des détails cachés ci-après pour les incultes et flemmards qui n'ont pas encore le réflexe Google. C'est le directeur de la photographie attiré de Steven Spielberg depuis quelques temps déjà, et c'est peut-être bien le meilleur du monde. Bon j'exagère, mais il a un style très particulier, facilement reconnaissable, et très classe, avec beaucoup de sur-expositions et de contre-jours parfaitement maîtrisés et très jolis.