dimanche 23 décembre 2007

Advent (4)

Advent, Advent,
Ein Lichtlein brennt.
Erst eins, dann zwei,
Dann drei, dann vier,
Dann steht das Christkind vor der Tür.





Et donc joyeux Noël à tous...

dimanche 16 décembre 2007

Advent (3)

Advent, Advent,
Ein Lichtlein brennt.
Erst eins, dann zwei,
Dann drei...


(À suivre...)

jeudi 13 décembre 2007

Des machines et des pommes (suite et fin)

(Suite et fin de la biographie d'Alan Turing commencée ici.)

En mai 1948, Alan Turing devient directeur adjoint du laboratoire d'informatique de l'université de Manchester. S'en suivent des années de recherches assez floues, entre reprise d'anciens sujets et exploration de nouveaux domaines. Mais l'idée de construire une machine capable de penser, toujours cette idée de « construire un cerveau », donc, allait se retrouver dans une de ses publications les plus connues.

En 1950, dans Computing Machinery and Intelligence, Alan Turing décrit un test qui le rendra une fois de plus célèbre. La référence en matière de test d'intelligence artificielle de nos jours... Le fameux test de Turing. Qui est somme toute assez simple : un humain est face à un ordinateur, il écrit des questions, les réponses sont affichées sur l'ordinateur. Si l'humain est capable dans un temps raisonnable de dire s'il communique avec un autre humain par l'intermédiaire de l'ordinateur, ou s'il est en train de communiquer avec un système d'intelligence artificielle, le test est raté. Si l'humain n'arrive pas à faire la différence, le système a passé le test.

Autant vous le dire tout de suite : jusqu'à présent, aucun système d'intelligence artificielle n'a passé le test de Turing. Mais un jour, peut-être...

Statue d'Alan Turing à Manchester
Alan Turing consacrait la plupart de son temps à ses recherches, mais n'avait rien contre l'une ou l'autre rencontres occasionnelles. Il se rendait régulièrement sur Oxford Street à Manchester, se demandant s'il n'était pas trop risqué de faire une proposition à untel. Nous sommes en Angleterre, dans les années 50, ce n'est pas si anodin. C'est tout de même comme cela qu'il rencontrera Anrold Murray. Hélas pour lui... Arnold « renseignera » un voleur (un certain Harry) qui cambriolera l'appartement de Turing. Turing porte plainte au commissariat. Il n'aurait pas dû. Le voleur expliquera qu'Arnold lui a dit comment cambrioler l'appartement de Turing, où Arnold faisait « des trucs » avec Turing. Quand on demande « quels trucs ? » à Turing, celui-ci raconte ses relations homosexuelles. Et c'est Turing qui sera condamné, le 31 mars 1952. Il a le choix entre une peine de prison ou une période probatoire d'un an pendant laquelle il doit subir une série d'injections d'œstrogènes. Il choisira la deuxième solution, voulant poursuivre ses travaux. Ce qui sera assez difficile, sa condamnation pour son homosexualité le faisait mal voir dans le milieu scientifique (ou dans l'Angleterre en générale). En période de Guerre froide, les services secrets, qui l'employaient encore, n'apprécient pas beaucoup, surtout avec son goût pour les rencontres à droite à gauche... Et si un espion en profitait pour lui dérober quelques secrets ?

Il entame ensuite une psychanalyse, voyage à Corfou ou en Scandinavie (à la recherche de rencontres). La fin ressemble plus à un roman qu'à une vraie vie, mais pourtant... Au printemps 1954, après avoir consulté une diseuse de bonne aventure dans une fête foraine, il ne parle presque plus. Le 8 juin 1954, sa femme de ménage le découvre mort dans sa chambre de Wilmslow, dans le Cheshire : il a croqué dans une pomme qu'il avait auparavant trempée dans du cyanure. Il avait 42 ans. (42, comme c'est curieux.)

Sa mère n'a jamais cru au suicide, et a toujours soutenu que sa mort était accidentelle : le cyanure était là pour les expériences de chimie que menait Turing en amateur, il en a avalé parce qu'il n'était pas assez prudent.

Mais personne d'autre n'y croit vraiment... Croquer dans une pomme trempée dans du cyanure, ça n'arrive pas par accident.

Une pomme dans laquelle on a croqué. Un symbole pour informaticiens. Ça ne vous rappelle rien ? Si, évidemment : le logo de la société Apple, qui était au départ aux couleurs de l'arc-en-ciel... ou du drapeau arc-en-ciel ? Alors, référence à Turing ou autre explication ? Le logo de la firme à la pomme a été créé en 1977, pour le lancement de l'Apple II. Officiellement, bien entendu, rien à voir avec Turing. La pomme croquée symbolise « l'acquisition de la connaissance » et les couleurs de l'arc-en-ciel doivent rappeler que l'Apple II a un affichage en couleurs de qualité. Et officieusement ? Rien non plus semble-t-il, même si beaucoup le soupçonnent.


Mais on peut en douter. Pour les couleurs, c'est vite vu : le drapeau arc-en-ciel n'a été utilisé par la communauté gay qu'à partir de 1978. Et la pomme croquée ? Il serait quand même assez douteux d'utiliser comme logo pour une toute jeune entreprise un symbole du suicide d'un grand informaticien... Si vous voulez quand même une explication officieuse, il paraît que des gens chez Apple racontent que la pomme du logo est une référence à la seule nourriture que pouvaient se payer les tous jeunes et à l'époque pauvres fondateurs. Bref, si vous créez votre start-up aujourd'hui, je vous suggère d'utiliser des ramens comme logo. Ça le ferait, non ?

Qu'est-ce que je disais dans l'accroche de l'article, au fait ? Que la vie d'Alan Turing n'était « pas banale pour un sou. » Vous me croyez, maintenant ?

mercredi 12 décembre 2007

Des machines et des pommes

Et si on parlait un peu d'un des hommes les plus importants du XXe siècle ? L'air de rien, il a accéléré la fin de la Seconde guerre mondiale et est un des pères de l'informatique... Tout le monde ne peut pas en dire autant. En plus, il a une vie pas banale pour un sou. Voici donc l'histoire d'Alan Turing.

Le petit Alan Mathison Turing (parce qu'il était bien petit un jour) naît le 23 juin 1912, à Paddington, à Londres. Son père, Julius Mathison, n'est pas là : il est collecteur d'impôts aux Indes. Il est élevé, comme son frère aîné John, par sa mère, Ethel Sara Turing.

À l'école, Alan n'est pas très bon. Il apprend certes à lire assez rapidement, mais ne se passionne que pour les nombres et plus généralement les mathématiques. À tel point qu'il n'écoute même pas en cours d'instruction religieuse, la honte !

À l'internat, il fait la connaissance du premier homme de sa vie, pourrait-on dire. Christopher Morcom, qu'il rencontre en 1928, âgé d'un an de plus que Turing, partage ses passions pour l'astronomie, les mathématiques et la théorie quantique (ils devaient pas être rigolos tous les jours). Turing était fasciné par Morcom (plus doué que lui en cours), amoureux même, et la mort à 19 ans de Morcom l'a évidemment touché.

Turing continue ses études, il entre au King's College à Cambridge en 1931. Comme quoi il n'était pas si nul que ça... Du moment qu'il pouvait faire des maths, ça allait même plutôt bien.

Alan Turing
Il s'intéresse aux travaux de von Neumann sur la mécanique quantique (en 1932), se sent proche du mouvement anti-querre de 1933, économiquement il est plutôt d'accord avec Keynes (le brave garçon), fréquente le milieu homosexuel du King's College (comme quoi il y avait un milieu homosexuel au King's College à Cambridge à l'époque, qui l'eut cru), fait de l'aviron, de la course à pieds, il a même un petit bateau (comme Dexter, quoi).

Ses travaux sur la théorie des probabilités lui valent un certain nombre de prix reçus entre 1934 et 1936. On l'imaginait devenir un mathématicien pur et dur, mais Turing se passionnait depuis quelques années déjà pour la logique. Il apprend la théorie de Bertrand Russell, puis découvre les travaux de Gödel et son fichu théorème d'incomplétude (qui dit en gros qu'une théorie suffisante pour faire de l'arithmétique contient toujours des énoncés qui ne sont pas démontrables, et dont la négation n'est pas démontrable non plus, bref des énonces sur lesquels on ne sait rien et ne saura jamais rien). Turing se sert des arguments de Gödel pour répondre à un autre grand problème de la logique, joliment baptisé Entscheidungsproblem ou Problème de la décision, dû à Hilbert (le monsieur de l'hôtel de l'infini, si ça vous dit quelque chose) en 1928. En gros (en énorme, même), il est question de savoir s'il existe (au moins en principe), une méthode définie permettant de décider si une assertion mathématique est démontrable. Suspense... Existe-t-il une méthode, ou pas ? Suspense... Turing propose une réponse en 1936, la même qu'un certain Alonzo Church (pas de bol pour Turing, c'est la réponse de Church qui a été publiée en premier). Mais tous les deux ont répondu que non, il n'existe pas.

Ce qui est intéressant, c'est la technique utilisée par Turing. Il a voulu décrire ce que pouvait être cette méthode définie permettant blablabla... Et il a eu l'idée génial de raisonner en termes mécaniques, matériels, en imaginant une machine qui lit des symboles sur un ruban de papier, et peut aussi écrire, et arrive comme ça à calculer un truc précis... Mieux, on peut faire une machine (de Turing, puisqu'il est bien question de ce que l'on appelle encore aujourd'hui machine de Turing) universelle, qui peut simuler le fonctionnement de toutes les machines de Turing. Exactement comme un ordinateur peut exécuter n'importe quel programme, pour peut qu'on lui donne du code à interpréter.


Dessin sur la machine de Turing
Et la machine Turing devint la base de presque toutes les démonstrations en informatique théorique. Un truc qui peut tout faire ! C'était révolutionnaire à l'époque, évidement aujourd'hui à l'heure des ordinateurs portables ça impressionne moins...

Au passage, toute la théorie de Turing, avec cette machine universelle à qui l'on peut fournir une sorte de code de programme pour qu'elle fasse ce qu'on veut, date de 1936, comme déjà dit. Soit neuf ans avant que les avancées en électronique permettent de mettre tout ceci en pratique, et de se rendre compte à quel point Turing était génial.

En septembre 1936, Turing arrive à l'université de Princeton. Il y étudie l'algèbre ainsi que la théorie des nombres qui lui fournira un sujet de thèse de doctorat. Parallèlement à ces travaux théoriques, il se lance aussi dans le concret : il met notamment au point une machine capable de crypter des messages en multipliant des nombres binaires... La cryptographie était d'ailleurs d'autant plus à la mode à l'époque que l'on commençait à entrevoir des risques de guerre avec l'Allemagne nazie.

En 1938, il retourne à Cambridge, suit les cours de philosophie des mathématiques de Wittgenstein (il a fréquenté de ces gens !), soutient l'entrée en Grande Bretagne d'un réfugié juif allemand, travaille secrètement pour le Départmeent de cryptographie britannique, appelé alors Government Code and Cypher School. En octobre, il assiste à la projection de Blanche-Neige et les sept nains, le premier long métrage animé de l'Histoire. Vous savez, avec la méchante sorcière qui empoisonne une pomme...

Et il commence à s'intéresser aux moyens de casser les message codés par les Allemands avec leur machine Enigma. Quelques informations bien utiles fournies par des mathématiciens polonais en 1939 permettent aux travaux d'avancer, et avec l'aide de W. G. Welchman, un autre mathématicien de Cambridge, Turing (qui a quand fait la plus grande part du boulot) met au point une méthode permettant de déchiffrer tout message codé avec Enigma, pour peu qu'une petite partie du texte ait été devinée correctement. Dès 1940, le déchiffrage de messages codés avec Enigma devient un travail de routine, qui par exemple de comprendre les messages utilisés par la Luftwaffe.

Les messages codés avec une version légèrement différente d'Enigma par la marine allemande étaient eux plus difficiles à déchiffrer. Turing arriva nénamoins à casser le code fin 1939, mais l'utilisation pratique de sa méthode ne put commencer qu'en 1941. Pas de chance, en 1942 les Allemands modifient leur code et les Anglais ne peuvent plus rien décoder. Alan Turing était une des stars (si ce n'est la star, ou le « père spirituel ») de Bletchley Park, le QG britannique de la cryptographie. Il demandé une de ses (jeunes) collègues, Joan Clarke, en mariage. Elle accepta... Mais c'est Turing qui refusa finalement peu après, lui expliquant qu'il était homosexuel. Turing part alors aux États-Unis, et arrive avant son retour en Angleterre en mars 1943 à re-casser le code. Jusqu'à la fin de la guerre, les Alliés pourront décrypter les communications allemandes.

Turing s'intéresse alors à l'électronique. Avec une ambition : concevoir une réalisation électronique de la machine de Turing universelle. Autrement dit, construire un ordinateur. Cette idée le fascinait. Il avait montré dans ses premiers travaux en 1936 les limites de ce qu'il était possible de calculer, mais il poursuivait néanmoins le but, selon ses propres mots, de « construire un cerveau. » En 1946, son article sur l'ACE ou Automatic Computing Engine est publié (un an après un article sur un sujet similaire de Von Neumann, Turing n'a jamais eu de chance avec les dates de publications, il y a toujours eu quelqu'un pour lui passer devant au dernier moment).

En octobre 1947, Turing retourne à Cambridge. Il s'intéresse à la neurologie et à la psychologie, publie des articles sur ce qui deviendra plus tard les réseaux neuronaux : des mécanismes capables « d'apprendre. »

Turing n'a pas été le premier à réaliser une implémentation concrète d'une machine universelle : c'est à Manchester en juin 1948 que la première réalisation d'un ordinateur selon les principes de Turing a vu le jour, sous la direction de F. C. Williams.

Mais il y avait quand même des courses que Turing arrivait à gagner... Des courses à pied ! Depuis la fin de guerre il s'entraînant régulièrement, à un niveau amateur relativement avancé, et a même failli participer aux Jeux Olympiques de Londres en 1948 ! Hélas pour lui, une blessure l'en a empêché.

Alan Turing
Turing n'avait jamais caché son homosexualité, mais l'ambiance à Cambridge l'incita a être moins secret qu'auparavant. Un étudiant en mathématiques du King's College, Neville Johnson, devint son amant.

Fin de la première partie. Demain, suite et fin de l'article sur Alan Turing, avec au programme : un test, un procès, une pomme.

dimanche 9 décembre 2007

Advent (2)

Advent, Advent,
Ein Lichtlein brennt.
Erst eins, dann zwei...

Bougie
Bougie
(À suivre...)

jeudi 6 décembre 2007

Saint Nicolas

(Comptine traditionnelle française, sur un air connu)

Saint Nicolas, patron de l'Élysée,
Apporte-moi du pouvoir d'achat dans mon petit panier.
Je serai sage comme un petit militant (UMP),
J'irai dans une entreprise travailler longtemps(*).
Saint Nicolas, patron de l'Élysée,
Apporte-moi du pouvoir d'achat dans mon petit panier.

* : Une autre version existe : « J'irai dans une entreprise gagner de l'argent. »

mercredi 5 décembre 2007

Advent

Advent, Advent,
Ein Lichtlein brennt.
Erst eins...

Bougie

(Ein bisschen spät, ja, aber alter Motorradfahrer...)